mercredi 29 février 2012

V.I. Lénine: Friedrich Engels


Quel flambeau de l'esprit s'est éteint,
Quel coeur a cessé de battre !


Friedrich Engels s'est éteint à Londres le 5 août (24 juillet ancien style) 1895. Après son ami Karl Marx (mort en 1883), Engels fut le savant le plus remarquable et l'éducateur du prolétariat contemporain du monde civilisé tout entier. Du jour où la destinée a réuni Karl Marx et Friedrich Engels, l'oeuvre de toute la vie des deux amis est devenue le fruit de leur activité commune. Aussi, pour comprendre ce que Friedrich Engels a fait pour le prolétariat, faut-il se faire une idée précise du rôle joué par la doctrine et l'activité de Marx dans le développement du mouvement ouvrier contemporain. Marx et Engels ont été les premiers à montrer que la classe ouvrière et ses revendications sont un produit nécessaire du régime économique actuel qui crée et organise inéluctablement le prolétariat en même temps que la bourgeoisie; ils ont montré que ce ne sont pas les tentatives bien intentionnées d'hommes au coeur généreux qui délivreront l'humanité des maux qui l'accablent aujourd'hui, mais la lutte de classe du prolétariat organisé. Dans leurs oeuvres scientifiques, Marx et Engels ont été les premiers à expliquer que le socialisme n'est pas une chimère, mais le but final et le résultat nécessaire du développement des forces productives de la société actuelle. Toute l'histoire écrite jusqu'à nos jours a été l'histoire de la lutte des classes, de la domination et des victoires de certaines classes sociales sur d'autres. Et cet état de choses continuera tant que n'auront pas disparu les bases de la lutte des classes et de la domination de classe: la propriété privée et l'anarchie de la production sociale. Les intérêts du prolétariat exigent la destruction de ces bases, contre lesquelles doit donc être orientée la lutte de classe consciente des ouvriers organisés. Or, toute lutte de classe est une lutte politique.
Ces conceptions de Marx et d'Engels, tout le prolétariat qui lutte pour son émancipation les a aujourd'hui faites siennes; mais dans les années quarante, quand les deux amis commencèrent à collaborer aux publications socialistes et à participer aux mouvements sociaux de leur époque, elles étaient entièrement nouvelles. Nombreux étaient alors les hommes de talent ou sans talent, honnêtes ou malhonnêtes, qui, tout à la lutte pour la liberté politique, contre l'arbitraire des rois, de la police et du clergé, ne voyaient pas l'opposition des intérêts de la bourgeoisie et du prolétariat. Ils n'admettaient même pas l'idée que les ouvriers puissent agir comme force sociale indépendante. D'autre part, bon nombre de rêveurs, dont certains avaient même du génie, pensaient qu'il suffirait de convaincre les gouvernants et les classes dominantes de l'iniquité de l'ordre social existant pour faire régner sur terre la paix et le bien-être général. Ils rêvaient d'un socialisme sans lutte. Enfin, la plupart des socialistes d'alors et, d'une façon générale, des amis de la classe ouvrière, ne voyaient dans le prolétariat qu'une plaie qu'ils regardaient grandît avec horreur à mesure que l'industrie se développait. Aussi cherchaient-ils tous le moyen d'arrêter le développement de l'industrie et du prolétariat, d'arrêter la «roue de l'histoire». Alors que le développement du prolétariat inspirait une peur générale, c'est dans la croissance ininterrompue du prolétariat que Marx et Engels mettaient tous leurs espoirs. Plus il y aurait de prolétaires, plus grande serait leur force en tant que classe révolutionnaire, et plus le socialisme serait proche et possible. On peut exprimer en quelques, mots les services rendus par Marx et Engels à la classe ouvrière en disant qu'ils lui ont appris à se connaître et à prendre conscience d'elle-même, et qu'ils ont substitué la science aux chimères.
Voilà pourquoi le nom et la vie d'Engels doivent être connus de chaque ouvrier; voilà pourquoi, dans notre recueil, dont le but, comme celui de toutes nos publications, est d'éveiller la conscience de classe des ouvriers russes, nous nous devons de donner un aperçu de la vie et de l'activité de Friedrich Engels, l'un des deux grands éducateurs du prolétariat contemporain.
Engels naquit en 1820 à Barmen, dans la province rhénane du Royaume de Prusse. Son père était un fabricant. En 1838, pour des raisons de famille, Engels dut abandonner ses études au lycée et entrer comme commis dans une maison de commerce de Brême. Ses occupations commerciales ne l'empêchèrent pas de travailler à parfaire son instruction scientifique et politique. Dès le lycée, il avait pris en haine l'absolutisme et l'arbitraire de la bureaucratie. Ses études de philosophie le menèrent plus loin encore. La doctrine de Hegel régnait alors dans la philosophie allemande et Engels s'en fit le disciple. Bien que Hegel fût, pour sa part, un admirateur de l'Etat prussien absolutiste au service duquel il se trouvait en sa qualité de professeur à l'Université de Berlin, sa doctrine était révolutionnaire. La foi de Hegel dans la raison humaine et dans ses droits et le principe fondamental de la philosophie hégélienne selon lequel le monde est le théâtre d'un processus permanent de transformation et de développement conduisirent, ceux d'entre les disciples du philosophe berlinois qui ne voulaient pas s'accommoder de la réalité, à l'idée que la lutte contre la réalité, la lutte contre l'iniquité existante et le mal régnant, procède, elle aussi, de la loi universelle du développement perpétuel. Si tout se développe, si certaines institutions sont remplacées par d'autres, pourquoi l'absolutisme du roi de Prusse ou du tsar de Russie, l'enrichissement d'une infime minorité aux dépens de l'immense majorité, la domination de la bourgeoisie sur le peuple se perpétueraient-ils? La philosophie de Hegel traitait du développement de l'esprit et des idées; elle était idéaliste. Du développement de l'esprit, elle déduisait celui de la nature, de l'homme et des rapports entre les hommes au sein de la société. Tout en reprenant l'idée hégélienne d'un processus perpétuel de développement[1], Marx et Engels en rejetèrent l'idéalisme préconçu; l'étude de la vie leur montra que ce n'est pas le développement de l'esprit qui explique celui de la nature, mais qu'au contraire il convient d'expliquer l'esprit à partir de la nature, de la matière... A l'opposé de Hegel et des autres hégéliens, Marx et Engels étaient des,matérialistes. Partant d'une conception matérialiste du monde et de l'humanité, ils constatèrent que, de même que tous les phénomènes de la nature ont des causes matérielles, de même le développement de la société humaine est conditionné par celui de forces matérielles, les forces productives. Du développement des forces productives dépendent les rapports qui s'établissent entre les hommes dans la production des objets nécessaires à la satisfaction de leurs besoins. Et ce sont ces rapports qui expliquent tous les phénomènes de la vie sociale, les aspirations des hommes, leurs idées et leurs lois. Le développement des forces productives crée des rapports sociaux qui reposent sur la propriété privée, mais nous voyons aujourd'hui ce même développement des forces productives priver la majorité de toute propriété et concentrer celle-ci entre les mains d'une infime minorité. Il abolit la propriété, base de l'ordre social contemporain, et tend de lui-même au but que se sont assigné les socialistes. Ces derniers doivent seulement comprendre quelle est la force sociale qui, de par sa situation dans la société actuelle, est intéressée à la réalisation du socialisme, et inculquer à cette force la conscience de ses intérêts et de sa mission historique. Cette force, c'est le prolétariat. Engels apprit à le connaître en Angleterre, à Manchester, centre de l'industrie anglaise, où il vint se fixer en 1842 comme, employé d'une maison de commerce dans laquelle son père avait des intérêts. Engels ne se contenta pas de travailler au bureau de la fabrique: il parcourut les quartiers sordides où vivaient les ouvriers et vit de ses propres yeux leur misère et leurs maux. Mais il ne se borna pas à observer par lui-même; il lut tout ce qu'on avait écrit avant lui sur la situation de la classe ouvrière anglaise, étudiant scrupuleusement tous les documents officiels qu'il put consulter. Le fruit de ces études et de ces observations fut un livre qui parut en 1845: La Situation de la classe laborieuse en Angleterre. Nous avons déjà rappelé plus haut le principal mérite d'Engels comme auteur de cet ouvrage. Beaucoup, avant lui, avaient déjà dépeint les souffrances du prolétariat et signalé la nécessité de lui venir en aide. Engels fut le premier à déclarer que le prolétariat n'est pas seulement une classe qui souffre, mais que la situation économique honteuse où il se trouve le pousse irrésistiblement en avant et l'oblige à lutter pour son émancipation finale. Le prolétariat en lutte s'aidera lui-même. Le mouvement politique de la classe ouvrière amènera inévitablement les ouvriers à se rendre compte qu'il n'est pour eux d'autre issue que le socialisme. A son tour le socialisme ne sera une force que lorsqu'il deviendra l'objectif de la lutte politique de la classe ouvrière. Telles sont les idées maîtresses du livre d'Engels sur la situation de la classe ouvrière en Angleterre, idées que l'ensemble du prolétariat qui pense et qui lutte a aujourd'hui faites siennes, mais qui étaient alors toutes nouvelles. Ces idées furent exposées dans un ouvrage captivant où abondent les tableaux les plus véridiques et les plus bouleversants de la détresse du prolétariat anglais. Ce livre était un terrible réquisitoire contre le capitalisme et la bourgeoisie. Il produisit une impression considérable. On s'y référa bientôt partout comme au tableau le plus fidèle de la situation du prolétariat contemporain. Et, de fait, ni avant ni après 1845, rien n'a paru qui donnât une peinture aussi saisissante et aussi vraie des maux dont souffre la classe ouvrière.
Engels ne devint socialiste qu'en Angleterre. A Manchester, il entra en relations avec des militants du mouvement ouvrier anglais et se mit à écrire dans les publications socialistes anglaises. Retournant en Allemagne en 1844, il fit à Paris la connaissance de Marx, avec qui il correspondait déjà depuis quelque temps, et qui était également devenu socialiste, pendant son séjour à Paris, sous l'influence des socialistes français et de la vie française. C'est là que les deux amis écrivirent en commun La Sainte Famille ou la Critique de la critique critique. Ce livre, paru un an avant La Situation de la classe laborieuse en Angleterre et dont Marx écrivit la plus grande partie, jeta les bases de ce socialisme matérialiste révolutionnaire dont nous avons exposé plus haut les idées essentielles. La sainte famille était une dénomination plaisante donnée à deux philosophes, les frères Bauer, et à leurs disciples. Ces messieurs prêchaient une critique qui se place au-dessus de toute réalité, au-dessus des partis et de la politique, répudie toute activité pratique et se borne à contempler «avec esprit critique» le monde environnant et les événements qui s'y produisent. Ces messieurs traitaient de haut le prolétariat qu'ils considéraient comme une masse dépourvue d'esprit critique. Marx et Engels se sont élevés catégoriquement contre cette tendance absurde et néfaste. Au nom de la personnalité humaine réelle, - de l'ouvrier foulé aux pieds par les classes dominantes et par l'Etat, - ils exigent non une attitude contemplative, mais la lutte pour un ordre meilleur de la société. C'est évidemment dans le prolétariat qu'ils voient la force à la fois capable de mener cette lutte et directement intéressée à la faire aboutir. Avant La Sainte Famille, Engels avait déjà publié dans les Annales franco-allemandes de Marx et Ruge des «Essais critiques sur l'économie politique» où il analysait d'un point de vue socialiste les phénomènes essentiels du régime économique moderne, conséquences inévitables du règne de la propriété privée. C'est incontestablement sa relation avec Engels qui poussa Marx à s'occuper d'économie politique, science où ses travaux allaient opérer toute une révolution.
De 1845 à 1847, Engels vécut à Bruxelles et à Paris, menant de front les études scientifiques et une activité pratique parmi les ouvriers allemands de ces deux villes. C'est là que Marx et Engels entrèrent en rapports avec une société secrète allemande, la «Ligue des communistes», qui les chargea d'exposer les principes fondamentaux du socialisme élaboré par eux. Ainsi naquit le célèbre Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels, qui parut en 1848. Cette plaquette vaut des tomes: elle inspire et anime jusqu'à ce jour tout le prolétariat organisé et combattant du monde civilisé.
La Révolution de 1848, qui éclata d'abord en France et gagna ensuite les autres pays d'Europe occidentale, ramena Marx et Engels dans leur patrie. Là, en Prusse rhénane, ils prirent la direction de la Nouvelle Gazette rhénane, journal démocratique paraissant à Cologne. Les deux amis étaient l'âme de toutes les aspirations démocratiques révolutionnaires de Prusse rhénane. Ils défendirent jusqu'au bout les intérêts du peuple et de la liberté contre les forces de réaction. Ces dernières, comme l'on sait, finirent par triompher. La Nouvelle Gazette rhénane fut interdite. Marx qui pendant son émigration s'était vu retirer la nationalité prussienne, fut expulsé. Quant à Engels, il prit part à l'insurrection armée du peuple, combattit dans trois batailles pour la liberté et, après la défaite des insurgés, se réfugia en Suisse d'où il gagna Londres.
C'est également à Londres que Marx vint se fixer. Engels redevint bientôt commis, puis associé, dans cette même maison de commerce de Manchester où il avait travaillé dans les années quarante. jusqu'en 1870, il vécut à Manchester, et Marx à Londres, ce qui ne les empêchait pas d'être en étroite communion d'idées: ils s'écrivaient presque tous les jours. Dans cette correspondance, les deux a mis échangeaient leurs opinions et leurs connaissances, et continuaient à élaborer en commun le socialisme scientifique. En 1870, Engels vint se fixer à Londres, et leur vie intellectuelle commune, pleine d'une activité intense, se poursuivit jusqu'en 1883, date de la mort de Marx. Cette collaboration fut extrêmement féconde: Marx écrivit Le Capital, l'ouvrage d'économie politique le plus grandiose de notre siècle, et Engels, toute une série de travaux, grands et petits. Marx s'attacha à l'analyse des phénomènes complexes de, l'économie capitaliste. Engels écrivit, dans un style facile, des ouvrages souvent polémiques où il éclairait les problèmes scientifiques les plus généraux et différents phénomènes du passé et du présent en s'inspirant de la conception matérialiste de l'histoire et de la théorie économique de Marx. Parmi les travaux d'Engels, nous citerons: son ouvrage polémique contre Dühring (où il analyse des questions capitales de la philosophie, des sciences de la nature et des sciences sociales)[2], L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat (traduction russe parue à Saint-Pétersbourg, 3e édition, 1895), Ludwig Feuerbach (traduction russe annotée par G. Plékhanov, Genève, 1892), un article sur la politique étrangère du gouvernement russe (traduit en russe dans Le Social-Démocrate de Genève, Nos, 1 et 2), des articles remarquables sur la question du logements et, enfin, deux articles, courts mais d'un très grand intérêt, sur le développement économique de la Russie (Etudes de Friedrich Engels sur la Russie, traduction russe de Véra Zassoulitch, Genève, 1894). Marx mourut sans avoir pu mettre la dernière main à son ouvrage monumental sur Le Capital. Mais le brouillon en était déjà prêt, et ce fut Engels qui, après la mort de son ami, assuma la lourde tâche de mettre au point et de publier les livres II et III du Capital. Il édita le livre Il en 1885 et le livre III en 1894 (il n'eut pas le temps de préparer le livre IV). Ces deux livres exigèrent de sa part un travail énorme. Le social-démocrate autrichien Adler à fait très justement remarquer qu'en éditant les livres II et III du Capital Engels a élevé à son génial ami un monument grandiose sur lequel il a, sans s'en douter, gravé son propre nom en lettres ineffaçables. Ces deux livres du Capital sont en effet l'oeuvre de deux hommes: Marx et Engels. Les légendes antiques rapportent des exemples touchants d'amitié. Le prolétariat d'Europe peut dire que sa science a été créée par deux savants, deux lutteurs, dont l'amitié surpasse tout ce que les légendes des Anciens offrent de plus émouvant. Engels, avec juste raison, somme toute, s'est toujours effacé devant Marx. «Auprès de Marx, écrivait-il à un vieil ami, j'ai toujours été le second violon.» Son affection pour Marx vivant et sa vénération pour Marx disparu étaient sans bornes. Ce militant austère et ce penseur rigoureux avait une âme profondément aimante.
Pendant leur exil qui suivait le mouvement de 1848-1849, Marx et Engels ne s'occupèrent pas que de science: Marx fonda en 1864 l'«Association internationale des travailleurs», dont il assura la direction pendant dix ans; Engels y joua également un rôle considérable. L'activité de l'«Association internationale» qui, suivant la pensée de Marx, unissait les prolétaires de tous les pays, eut une influence capitale sur le développement du mouvement ouvrier. Même après sa dissolution, dans les années 70, le rôle de Marx et d'Engels comme pôle d'attraction continua de s'exercer. Mieux: on peut dire que leur importance comme guides spirituels du mouvement ouvrier ne cessa de grandir, car le mouvement lui-même se développait sans arrêt. Après la mort de Marx, Engels continua seul à être le conseiller et le guide des socialistes d'Europe. C'est à lui que venaient demander conseils et instructions aussi bien les socialistes allemands, dont la force grandissait rapidement malgré les persécutions gouvernementales, que les représentants des pays arriérés, tels les Espagnols, les Roumains, les Russes, qui en étaient à leurs premiers pas. Ils puisaient tous au riche trésor des lumières et de l'expérience du vieil Engels.
Marx et Engels, qui connaissaient le russe et lisaient les ouvrages parus dans cette langue, s'intéressaient vivement à la Russie, dont ils suivaient avec sympathie le mouvement révolutionnaire, et étaient en relation avec les révolutionnaires russes. Tous deux étaient devenus socialistes après avoir été des démocrates, et ils possédaient très fort le sentiment démocratique de haine pour l'arbitraire politique. Ce sens politique inné, allié à une profonde compréhension théorique du rapport existant entre l'arbitraire politique et l'oppression économique, ainsi que leur riche expérience, avaient rendu Marx et Engels très sensibles sous le rapport politique. Aussi la lutte héroïque de la petite poignée de révolutionnaires russes contre le tout-puissant gouvernement tsariste trouva-t-elle l'écho le plus sympathique dans le coeur de ces deux révolutionnaires éprouvés. Par contre, toute velléité de se détourner, au nom de prétendus avantages économiques, de la tâche la plus importante et la plus immédiate des socialistes russes, à savoir la conquête de la liberté politique, leur paraissait naturellement suspecte; ils y voyaient même une trahison pure et simple de la grande cause de la révolution sociale. «L'émancipation du prolétariat doit être l'oeuvre du prolétariat lui-même»: voilà ce qu'enseignaient constamment Marx et Engels. Or, pour pouvoir lutter en vue de son émancipation économique, le prolétariat doit conquérir certains droits politiques. En outre, Marx et Engels se rendaient parfaitement compte qu'une révolution politique en Russie aurait aussi une importance énorme pour le mouvement ouvrier en Europe occidental. La Russie autocratique a été de tout temps le rempart de la réaction européenne. La situation internationale exceptionnellement favorable de la Russie à la suite de la guerre de 1870, qui a semé pour longtemps la discorde entre la France et l'Allemagne, ne pouvait évidemment qu'accroître l'importance de la Russie autocratique comme force réactionnaire. Seule une Russie libre, qui n'aura besoin ni d'opprimer les Polonais, les Finlandais, les Allemands, les Arméniens et autres petits peuples, ni de dresser sans cesse l'une contre l'autre la France et l'Allemagne, permettra à l'Europe contemporaine de se libérer des charges militaires qui l'écrasent, affaiblira tous les éléments réactionnaires en Europe et augmentera la force de la classe ouvrière européenne. Voilà pourquoi Engels désirait tant l'instauration de la liberté politique en Russie dans l'intérêt même du mouvement ouvrier d'Occident. Les révolutionnaires russes ont perdu en lui leur meilleur ami.
La mémoire de Friedrich Engels, grand combattant et éducateur du prolétariat, vivra éternellement !

 
Ecrit au cours de l'automne 1895
Paru pour la première fois en 1896
dans le recueil «Rabotnik», nos 1-2
Conforme au texte du
recueil «Rabotnik»

lundi 27 février 2012

Nouvelle Cause du peuple: Pour un nouveau rassemblement maoïste 1974


Dans le texte ci-dessous très critique à l'égard de la Gauche prolétarienne et de sa liquidation pour les leaders-bourgois, c'est nous qui soulignons les éléments pour une critique de la GP et pour une reconstruction post-GP.


[Appel n° 2 - 18 juin 1974]


Après a décision des dirigeants de "La Cause du Peuple" de dissoudre l'organisation et face à la carence allant de pair avec de graves déviations de ces mêmes responsables, il est urgent de sauver de la liquidation les forces révolutionnaires qui les ont suivis jusqu'ici afin que se poursuive la marche en avant du maoïsme vivant dans notre pays.

A la suite d'un premier appel, des militants représentant une dizaine d'unités de la région parisienne se sont réunis le 15 juin pour discuter des moyens de sortir de la crise.

Alain Geismar a présenté un point d'information sur ce que l'ex-groupe central a fait et surtout n'a pas fait depuis cinq mois.
Cependant aussitôt que des critiques se sont élevées, sa première réaction a été de fuir le débat. Celui-ci s'est poursuivi sans lui.


Il a été décidé de convoquer pour la fin juillet une conférence de travail portant sur les thèmes suivants: - bilan critique de l'expérience accumulée par les maos de "La Cause du Peuple" de 1968 à 1973;
- critique de l'orientation actuelle du groupe central ex mao;
- analyse de la conjoncture politique en France et dans le monde;
- nos tâches actuelles et notre stratégie d'ensemble;
- de quelle organisation avons-nous besoin.

Nous préparerons cette conférence en étudiant successivement chacun de ces points lors de réunions hebdomadaires auxquelles nous convions tous ceux qui ne veulent pas se résigner à la liquidation du maoïsme en France.

Le texte qui suit n'est qu'une intervention dans le débat ouvert que nous voulons aussi large que possible. C'est seulement à l'issue de celui-ci que nous pourrons répondre aux questions que se posent les militants et les masses, et nous unifier sur une ligne élaborée collectivement.

LA FAILLITE DE L'ANCIENNE DIRECTION

La situation actuelle est l'aboutissement d'un long processus de dégénérescence.
Une de nos tâches sera d'en rechercher l'origine et le mécanisme. Nous constatons simplement que les Cahiers N° 2 tombent dans l'anarchisme quand ils rejettent toutes les fautes sur les cadres (en général) et l'organisation centralisée (en général).

Ils déforment et donnent un contenu réactionnaire au concept d'avant-garde pour conclure que si nous sommes des petits bourgeois autoritaires, coupés des masses, etc. c'est la faute à Lénine et à Mao!

Les Cahiers abandonnent le point de vue de classe puisqu'ils confondent direction prolétarienne et direction bourgeoise, identifiant le centralisme démocratique au centralisme (en général) et celui-ci au style de commandement bourgeois.

Ils invoquent l'exemple du PCUS et du PCF, mais les directions de ces partis sont autoritaires parce que bourgeoises.

Pour Mao, par contre, le centralisme démocratique est la méthode de direction propre au prolétariat conscient. La démocratie en est l'aspect principal.

Il n'y a pas de centralisme prolétarien sans démocratie et inversement. Cette méthode consiste à élaborer la ligne politique en systématisant les idées justes des masses. Il n'est pas étonnant que nos adjudants anti-autoritaires les plus forcenés exercent la dictature bourgeoise aussitôt qu'ils s'emparent de la moindre parcelle du pouvoir.

Les Cahiers tentent de tromper les militants en jouant sur les mots.

De ce que les ouvriers de LIP ont lancé des actions "d'avant- garde », ils concluent que les travailleurs n'ont plus besoin d'une « avant-garde ». Il s'agit d'une escroquerie verbale.

Certes, les masses sont capables d'initiatives qui bouleversent ciel et terre. L'histoire en offre mille exemple, mais elle nous enseigne aussi qu'en l'absence d'une avant-garde à la hauteur des tâches objectivement à l'ordre du jour, la réaction finit toujours par reprendre le dessus. Pour en revenir à LIP, faute d'une avant-garde unissant le camp du Peuple, la candidature Piaget n'a pu être imposée!

Théorisant une situation particulière à LIP, les Cahiers prétendent par ailleurs qu'une cellule communiste ne sert jamais à rien au sein du mouvement de masse. En réalité, celui-ci en a le plus souvent besoin pour s'unifier, s'organiser, s'exprimer.

La logique des Cahiers conduisait à la dissolution de I'UNCLA sous prétexte que LIP est apparu là où cette organisation n'était pas implantée!

L'ancienne direction n'a pas seulement abandonné le terrain du marxisme, elle a aussi lamentablement échoué sur le plan pratique. Elle s'est montrée incapable de remplir son mandat. La Conférence nationale des 3 et 4 novembre 1973 avait décidé la création d'un magazine théorique populaire et la publication d'une série de brochures. Rien n'a été fait.

La Conférence nationale des 1er, 2 et 3 février 1974 avait prévu en outre l'organisation de "journées de la pensée révolutionnaire", la convocation au printemps d'une seconde Conférence nationale, et entre temps, la circulation de thèses et de bilans en vue d'alimenter le débat. Là encore, carence totale.

Actuellement, les cinq membres de l'ancien centre se démènent beaucoup pour mettre sur pied le vaste rassemblement envisagé par les Cahiers. Ce devait être une organisation qui n'en serait pas une mais un "mouvement" ayant un centre qui ne centraliserait plus, tout en centralisant un peu (quand même !).

Autrement dit une avant- garde se déniant comme telle où des maoïstes, leur drapeau dans la poche (et leur mouchoir dessus) côtoieraient des trotskystes protestant du contraire et des anarchistes se réclamant de Marx mais crachant sur Lénine.

Dans ce crépuscule des révolutionnaires désenchantés, tous les chats seraient gris et les militants, devenus indistincts des masses, resteraient éternellement dans la communion, pardon la communauté, des travailleurs "lipisés".

En attendant cette « parousie » d'une France lipisée, nos illuminés de la mystique Lip multiplient (sans grand succès) les négociations avec divers appareils par-dessus la tête des militants, entendu que ceux-ci doivent espérer le salut d'initiatives prises dans les hautes sphères.

Or, il est clair que depuis le 3 février, l'organisation n'a plus aucune sorte d'existence. Quant au groupe central, il n'a pas accompli les tâches transitoires pour lesquelles il avait été élu, ni convoqué la Conférence nationale pour lui rendre compte. Ces trois faits lui enlèvent toute qualité pour parler au nom des « Maos » de « La Cause du Peuple ». Ce sont des têtes sans corps qui se promènent en proposant à leurs interlocuteurs :« Amenez vos masses, nous vous offrons des chefs. »

QUELLE ISSUE ?

Il est temps que les militants se ressaisissent et ne s'en laissent plus conter par les ex-dirigeants qui ont trahi leur confiance. Le moment est critique. Il appartient à chacun de prendre ses responsabilités.

Ne comptez pas sur les autres pour redresser une situation qui tourne à la catastrophe. Abandonnez vos illusions et préparez-vous à la lutte. Il y va de la ligne, il y va de l'avenir révolutionnaire.

Nous devons nous unifier en vue de préserver les acquis positifs très riches de l'expérience accumulée par les « Maos de La Cause du Peuple », tout en critiquant les erreurs et les points faibles de leur pratique. En même temps nous devons nous unir à tous ceux qui sont venus au maoïsme en suivant un itinéraire différent mais à partir des grands mouvements de masse depuis mais-juin 1968.

Le peuple a besoin d'une organisation communiste révolutionnaire dont la ligne exprime et unifie ses luttes. Une telle organisation est nécessaire :

1. Pour assurer la fusion du marxisme-léninisme-maoïsme avec le mouvement populaire et y combattre l'idéologie bourgeoise. Celle-ci rétablit constamment sa domination dans les intervalles qui séparent les luttes à moins que la prise de conscience des masses ne soit consolidée par la propagande communiste.

2. Pour donner aux masses un point de vue d'ensemble et des perspectives stratégiques claires à partir d'une systématisation de l'expérience historique. Faute de quoi le processus révolutionnaire ne pourra être poursuivi jusqu'au bout : jusqu'à la prise du pouvoir, les transformations socialistes, le communisme.


Notre but néanmoins n'est pas de créer un groupuscule, c'est à-dire une secte, de plus. Il n'y a pas de recette pour éviter ce risque. A titre de contribution au débat, nous proposons cependant quelques opinions à la réflexion des camarades.

CE QUI NOUS DISTINGUE

Nous ne serons pas semblables aux groupuscules ossifiés qui se contentent de rabâcher dans leur propagande la vérité universelle du marxisme-léninisme.

La pratique concrète pose des problèmes toujours nouveaux dont la solution n'est pas dans les classiques. Ceux-ci aident seulement à trouver cette solution et à se garder de certaines erreurs si l'on sait s'en servir sans dogmatisme.


Il faut partir de la réalité, recueillir les idées justes des masses en participant à leurs luttes qui transforment cette réalité pour enrichir la théorie de nouveaux concepts qui à leur tour éclairent la pratique.

Ce processus est celui de l'auto-éducation des masses. Croire que les théoriciens peuvent élaborer en chambre des analyses guidant l'action révolutionnaire, c'est du dogmatisme.

Compter sur la spontanéité des masses pour faire l'économie du moment de la systématisation par les communistes armés de la science prolétarienne, c'est de l'empirisme. Il existe une voie juste entre ces deux écueils.

Les « Cahiers » déclarent que la théorie est toujours à faire, elle n'est pas déjà faite. C'est faux, parce qu'unilatéral.

L'assimilation de la théorie « déjà faite » est la condition nécessaire (pas suffisante) pour élaborer la théorie de notre pratique actuelle. Face à celle-ci nous ne partons pas de zéro.

Donc nous ne serons pas non plus pareils aux anarcho-spontanéistes qui, sous prétexte de libérer la parole du peuple et de ne pas en laisser le privilège aux détenteurs de la théorie, en arrivent à nier la vérité universelle du marxisme-léninisme-maoïsme et intiment silence à l'idéologie prolétarienne, laissant seul audible le discours de la petite bourgeoisie.

Le résultat est la capitulation sur toute la ligne devant la pression de celle-ci (cf. les entretiens de Sartre, Gavi et Victor).


Les jeunes qui refusent l'autorité des pontes académiques ont raison. On les comprend même quand ils glissent dans un rejet de la théorie marxiste qu'ils ne connaissent qu'à travers des propagandes dogmatiques et stéréotypées.

Tout autre est le cas des savants contempteurs du savoir livresque qui crachent sur ce plat pour en dégoûter les autres et se le réserver à eux-mêmes. Ils détournent les militants de l'étude du marxisme comme si pour éviter le culte du livre il fallait tomber dans l'obscurantisme bourgeois.

Nous voulons une organisation démocratique, ce qui suppose que les militants aient une formation théorique sinon ils ne pourront participer effectivement à l'élaboration de la ligne.

Il faut en outre que les idées circulent non seulement verticalement mais aussi horizontalement au moyen d'un bulletin intérieur. La critique et l'autocritique doivent être pratiquées constamment.

Nous voulons une organisation où la plus large autonomie soit laissée aux unités de base. Pas de généralisation hâtive d'expériences-types. La tactique dépend de la situation concrète locale que seuls peuvent apprécier les militants sur place.
Nous voulons une organisation dynamique qui sache s'intégrer aux masses, vivre et lutter à leur rythme, être à leur écoute. Il faut que les gens du peuple se reconnaissent en nous et nous considèrent seulement comme les éléments les plus actifs et les plus conscients de leur camp.

Nous voulons une organisation fonctionnant avec discipline et continuité. L'alternance d'activisme et de passivité, de constructions et de dissolutions, ainsi que la déperdition constante de militants et de cadres expérimentés qui caractérisaient l'ex-Gauche Prolétarienne rendaient impossible l'accumulation des forces

dimanche 26 février 2012

UCF-ML: Les tâches des maoïstes (1976)

Nous reproduisons un texte de l'Union des Communistes de France-marxistes-léninistes de 1976 qui est encore, hélas, d'actualité. c'est nous qui soulignons ci-dessous les points qui nous semblent encore le plus d'actualité. 


Notre tâche de Maoistes, c'est de faire fusionner les enseignements universels de la Révolution Culturelle avec la situation concrète de la Révolution en France.

La cible de l'étape, chacun la connaît : c'est l'édification d'un quartier général du prolëtariat et du peuple révolutionnaire.

C'EST LA QUESTION DU PARTI.

Toute notre orientation est fondée sur une conviction : CE PARTI SERA DE L'EPOQUE DE LA GRANDE REVOLUTION CULTURELLE PROLETARIENNE, OU IL NE SERA PAS.

Il s'agit, pour l'avant-garde ouvrière, d'édifier elle-même le Parti Communiste de type nouveau, le Parti dont l'édification fera déjà barrage à la dégénérescence révisionniste . 

Il y a eu sur ce point , dans l'expérience de la classe ouvrière, des tâtonnements et des expériences depuis Mai 68.

Nous avons connu les organisations autonomes d'usine, les Comités d'Actions ou les Comités de Base.

Nous avons connu les regroupements sur tel ou tel point de programme : "justice pour les immigrés" ou "une seule classe d'OS".

Mais en fin de compte, ce qui s'est aujourd'hui clarifié , c'est la nécessité de véritables NOYAUX COMMUNISTES OUVRIERS, porteurs d'une conviction et d'un projet centralisé sur les étapes de l'édification du Parti.

C'est dans ces noyaux que se matérialise notre mot d'ordre maoiste : " REMETTRE LA QUESTION DU PARTI AUX MAINS VE LA CLASSE OUVRIERE, ORGANISER L'AVANT-GARDE OUVRIERE, ET EDIFIER L'ORGANISATION COMMUNISTE AU SEIN DU MOUVEMENT DE MASSE ".

Cette ligne se déploie aujourd'hui dans un moment de lutte de classe complexe et acharnée. 


Ce qui domine en apparence la scène, c'est la rivalité des deux grandes forces bourgeoises : la bourgeoisie ancienne, le monopolisme classique de Giscard et de Chirac ; et la bourgeoisie nouvelle , le monopolisme bureaucratique d'Etat, celui de Marchais et de Mitterand, de Séguy et d'Edmond Maire.

Ces deux forces rivalisent pour embrigader notre peuple derrière leur projet politique réactionnaire.

La machinerie électorale est là pour fixer les échéances de cet embrigadement.

Sur ce point , les enseignements de la Révolution Culturelle et du maoïsme sont clairs : nous sommes dans un monde où l'autonomie du prolétariat se joue contre deux bourgeoisies, l'ancienne et la nouvelle.

La lutte des classes se mène sur deux fronts.

Les petits machiavels du ralliement "provisoire", " tactique" , "critique " , " débordant ", au projet du PCF, font intégralement le jeu du révisionnisme moderne.

Avec toute l'avant-garde ouvrière, nous luttons avec acharnement contre la polarisation autour des deux cliques bourgeoises rivales. 


Dès aujourd'hui, nous appelons tous les sincères révolutionnaires à débattre et à s'organiser sur cette question.

Il faut impérativement opposer aux manoeuvres électorales d'embrigadement, une force populaire de masse autonome.

Nous sommes prêts à participer au plus large regroupement sur les mots d'ordre :

NI GISCARD-CHIRAC , NI MARCHAIS-MITTERAND !
VIVE LA POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE DU PEUPLE! 

vendredi 24 février 2012

Réponse du PCMLM

On Thursday, February 16, 2012 at 6:19 PM,  wrote:
Bonjour,


il s'agit de questions éminemment pertinentes. Cependant, avant de faire

des reproches à telle ou telle organisation, il serait plus franc

d'exposer au préalable son propre point de vue.


Sinon, cela ne risque-t-il pas d'instaurer un climat malsain?


Si par exemple vous exposiez déjà vos propres différences et vos propres

perspectives, il serait déjà plus simple de dire: nous ne sommes pas

d'accord, soit, que cela n'empêche pas d'avancer, nous verrons qui a
raison au fur et à mesure, etc.



Mais là, en soit... il y a quand même un grand risque que les autres

structures vous jettent les questions à la tête, ou alors elles n'ont

aucune fierté/plus rien à perdre!



Vous avez des critiques, des remarques: élaborez les, cela servira

d'autant plus le mouvement!


Tenez nous au courant,

salutations révolutionnaires!!!






-----


Ce à quoi nous avons répondu:


Nous allons bientôt faire un ensemble d'articles en ce sens sur un blog .


Ce questionnaire ne tient pas lieu d'interrogatoire et la réponse n'est pas impérative dans l'immédiat, ce sont les questions générales puis particulières "remontées" par nos camarades à la lecture de chacune des pièces des partis concernés (par ex le plateforme de l'OCML ou le manifeste du PCLMLM).

Notre but est réellement de ne pas diviser le mouvement mais de le renforcer et deux choses nous sautent aux yeux:

d'une part l'émergence internationale de vastes débats qui nous dépassent un peu sur le centrisme et l'opportunisme alors que nous ne sommes nous même pas au sein d'un "parti"
d'autre part trois entités différentes par leurs historiques qui entrecroisent un débat ardu auquel nous aimerions contribuer comme "modérateurs" dans le respect de chacun.

Nous sommes tous ici salariés, ouvriers, techniciens, engagés la plupart du temps,  à nous retrouver démunis politiquement (ni PCF ni FDG,ni NPA), l'expérience mao des années 70 semble avoir été enterrée, care nous ne sommes pas non plus de cette génération. Par ailleurs, personne d'entre nous n'a "trouvé" de militants du PCMLM, PCMF ou OCML dans nos cortèges pour débuter une conversation, d'où notre idée commune d'un blog de "propagation" du maoïsme contemporain, avec nos erreurs mais avec l'idée que ce lieu soit celui du débat alors que les sites des partis respectifs soient celui de la propagande de chacun à juste titre.

merci de cette première réponse

Bien à vous
--------------

Pour l'heure nous attendons toujours des réponses précises à l'intérêt porté par notre groupe au PCMLM, nous espérons que celles-ci nous parviendront. Nous espérons aussi que notre réponse clarifiera notre souhait en tant de militants de base, d'interroger les structures qui se sont nommés "partis". 
Nous ne partageons pas l'avis du PCMLM sur les autres organisations qui pour l'heure n'ont pas donné suite à notre appel. 

Pensée Mao Zedong


jeudi 23 février 2012

3ème Glaive et la Gauche Prolétarienne: soyons sérieux!


         Ils sont nombreux aujourd'hui en France, du PCMF au PCMLM, de se revendiquer de tout (PCMF) ou partie (PCMLM) de la Gauche prolétarienne. 


         Mais de quoi s'agit-il? Tout d’abord, il faut lire les textes de la Gauche Prolétarienne disponibles ici http://archivescommunistes.chez-alice.fr/:


         La Gauche prolétarienne est une émanation de l’Union des Jeunes Communistes Marxistes-léninistes de France (UJCML) qui fut le premier groupe « maoïste » en France, dont l’un des leaders sera le philosophe Alain Badiou.


         Qui dirigeait la Gauche prolétarienne ? Comme son nom l’indique, y avait-il des « prolétaires » en son sein ? Les anciens vous diront vite « oui bien sûr » et il vous citeront L’ouvrier qui dans tel usine était à la GP, mais pour nos mères et nos pères qui ont connus les usines des années 70, interrogez-les, ils ne voyaient la GP que comme une émanation de la bourgeoisie parisienne, avec des foyers présents en province mais toujours dirigés par des intellectuels et des étudiants.


         Les principaux leaders de la « GP » furent Benny Lévy (alias Pierre Victor) et Alain Geismar. Si l’on cite l’encyclopédie libre Wikipédia on y lit : «  Parmi ses militants, certains sont devenus célèbres pour leurs activités universitaires, médiatiques ou politiques après la fin de l'organisation : Serge JulyOlivier RolinFrédéric H. FajardieGérard MillerJean-Claude MilnerMarin KarmitzAndré GlucksmannGilles SusongRobert LinhartChristian JambetGuy LardreauDaniel Rondeau, etc. »


         Beaucoup de ces noms ne sont pas totalement inconnus : July fut patron de presse et aujourd’hui chroniqueur de la presse bourgeoise, Rolin est écrivain publié chez les grands éditeurs, idem pour Fajardie, Miller est la psychanalyste préféré de Michel Drucker, Karmitz est l’un des plus gros producteur s cinématographiques de France, Glucksmann est un philosophe réactionnaire etc.


         Quand à son leader Victor, de son vrai nom Benny Levy, il terminera universitaire en philosophie en Israël et proche d’une frange assez extrémiste du judaïsme. D’autres leaders locaux moins connus finiront Pasteur, grands commerçants, en somme mèneront tous une vie de grands bourgeois. Ils seront ce qu’il furent !

         L’histoire ne retient que les bourgeois-leaders de la GP, comme quoi la lutte de classe existe même en historiographie, mais également parce que la GP fut une organisation non-prolétarienne.


         Seul l’ouvrier Pierre Overney finira abattu par le vigile des usines Renault ce salaud de Tramoni. Comme toujours seul le socle militant, le véritable ouvrier en proie à un véritable combat de classe (s’introduire dans une usine pour y faire de la propagande pour la GP) paiera de sa vie son engagement.


         Le PCMLM prend ses distances parfois avec la GP, mais ne cessent de publier des textes de la GP, à titre « d’archives » (c'est sans doute nécessaire) et vient encore de publier fin 2011 une longue entrevue de 1971 de Pierre Victor (Benny Levy) comme si nous ne pouvions juger un homme de manière dialectique et matérialiste, c’est-à-dire sur tout le trajectoire de sa vie, et non en choisissant seulement trois ans au sein d’une vie qu’il consacrera la plupart du temps à la religion et à la philosophie spirituelle de Emmanuel Levinas de la fin de la GP à sa mort, ce qui est pour le moins idéaliste.


            Le PCMF va plus loin encore : il dit dans l’un des Cahiers du Maoïsme (N°2, p. 16) qu’il faille juger la GP pas trop sévèrement car si Glucksmann ou July ou Levy ont participé à la réaction (en devenant respectivement un philosophe anticommuniste, un patron de presse bourgeoise et un théologien), Alain Geismar, lui, dixit le PCMF, « n’est pas devenu un serviteur idéologique de la réaction et de l’obscurantisme ». 


         Qui est Alain Geismar ? Il fut « l’icône » de la GP, alors que Pierre Victor (Benny Levy) était l’éminence grise. Son parcours est édifiant de celle d’un grand bourgeois. Hautes études au lycée Jason de Sailly, l’un des plus réputés de France, ingénieur civil des mines docteur en physique, dès 1965 il devient leader syndicaliste à 26 ans… au SNES-SUP, le syndicat des professeurs des universités (sic !). Quel beau parcours prolétarien !


         Si l’on suit donc le PCMF, il faut célébrer Geismar, l’un des leaders de 1968 puis l’un des meneurs de la GP. Voici la suite du parcours de Geismar, quelques années tranquilles après la GP au SNES-SUP puis en 1984 il devient Directeur général adjoint de la toute nouvelle Agence de l’Informatique, avant d’être licencié en 1987 à la suppression de celle-ci. Il a rejoint le PS en 1986. En 1990, il est nommé Inspecteur Général de l’Education Nationale, le plus haut grade et corps de l’éducation nationale, un haut fonctionnaire donc. Entre 2001 et 2004 il sera conseiller du maire de Paris, Bertrand Delanoë. Il est aujourd’hui retraité de ce corps de haut-fonctionnaire.


         Que dit le PCMF ? Que Geismar « n’est pas devenu un serviteur idéologique de la réaction et de l’obscurantisme », à se demander si l'auto-proclamé "PCMF" n’est pas habité par des fonctionnaires de l’éducation nationale ou des militants PS.


         Donc voilà, chèrEs camarades ce que fut l’une des plus grandes organisations maoïstes de France, une organisation bourgeoise, car non seulement la gauche n’était pas prolétarienne, mais qui plus est, ses leaders-bourgeois étaient majoritairement issus de la haute, pas même de la petite bourgeoise professorale.

         Lire les textes de la Gauche Prolétarienne a un sens, celui pour les Marxistes-léninistes-maoïstes que nous sommes et voulant édifier le Nouveau Parti Communiste, de ne pas se laisser voler leurs places. Nous sommes des prolétaires, nous n’avons pas besoin de futurs opportunistes.


         Si la GP était parvenue à la révolution et était devenue le nouveau PCF, nous serions aujourd’hui dans un régime d’apparatchiks, et nous serions toujours à nos usines, nos fourneaux et nos bureaux et ses messieurs à leurs précieuses retraites bourgeoises.

mercredi 22 février 2012

En hommage à Pierre Overney, le 25 février 2012


Bien que non affilié au PCMF ou à la "Cause du Peuple" nouvelle mouture, nous appelons au rassemblement :






http://www.cicp21ter.org/squelettes/NAVPICS/accescicp.gif

jeudi 16 février 2012

Voici les questions envoyées par mail aux partis ml(m) et mlm de France. Nous publierons dès réception les positions de chacune de ses organisations. 

Dix questions communes aux partis
(Réponse claire et synthétique, si référence à des textes, merci de citer les références exactes sans mettre les extraits, liens hypertextes possibles)
== Maoïsme ==
1./ Vous êtes trois organisations à vous revendiquer du marxisme-léninisme (maoïsme) ou du marxisme-léninisme-maoïsme, pouvez-vous nous indiquer quel est pour vous l’apport majeur du troisième temps « le maoïsme » au marxisme-léninisme ?
== Internationalisme ==
2./ Quelle est votre position sur le Népal actuellement et votre lecture de ce qui s’y passe aujourd’hui ?
3./ Quel est votre position sur le « PCP-SL » et son leader Gonzalo ? Que pensez-vous de la guerre populaire toujours en cours au Pérou ?
4./ Quels sont les axes majeurs qui selon vous se dégagent en Inde dans la lutte des naxalistes ?
5./ Comment interprétez vous l’actuelle crise européenne et notamment ses implications au niveau de la Grèce ? Quelle est selon vous la force politique communiste représente qui le mlm en Grèce ?
== France ==
6./ Quelles sont, selon vous, vos origines en tant que parti communiste ? (Groupes antérieurs, figures…)
7./ Comment interprétez-vous le concept de « guerre populaire prolongée », si vous le reconnaissez, dans un pays comme la France ?
== Théorie ==
8./ Pouvez-vous nous résumer votre vision de ce qu’est le matérialisme dialectique et envisagez vous le marxisme comme une science ?
9./ Que représente Staline comme chef et théoricien dans votre compréhension du ml(m) ou mlm?
10./ Comment envisagez vous l’apport de Friedrich Engels aux théories de Karl Marx ?

Questions particulières par organisation.
1./ PCMF
a) Vous avez édité un fascicule concernant l’étude des classes en présence au sein de la société française. Pouvez-vous nous décrire les classes « alliées » selon vous du prolétariat ?
b) Comment envisagez-vous le rôle des forces aujourd’hui répressives dans un éventuels processus révolutionnaire au sein de ses classes ?
c) Par moment vous avez été proche des comités « pro-népal » ? Quel est aujourd’hui votre positionnement sur le réformisme « trotskiste » d’une partie des « maos » népalais ?
d) Vous semblez proche de l’organisation « Secours Rouge » ? Pouvez-vous nous parler de cette lutte et de vos rapports avec son pendant belge ?
e) Le PCMF constitue pour partie le collectif à l’origine de la republication de la « cause du peuple ». Pourquoi relancer ce journal ? Est-ce oublier ce que sont devenus la majorité des anciens de la GP, à savoir des bourgeois intellectuels (Geismar, Benny Levy…) ?
f) Quels sont vos liens internationaux ?
g) Vous vous dites « parti communiste maoïste » de France ? Qu’est-ce qui vous permet de justifier de cette notion de « parti » ?  
2./ OCML-VP
a) Votre organisation fondée à la fin des années 70 a-t-elle été proche par moment des positions du PC Albanais et de Henver Hoxa sur la lutte contre les révisionnismes modernes : est-ce pour vous encore une référence ?
b) Vous avez encouragez le votre pour le PS en 1981 et avez-vous appelé par la suite également parfois à voter LO ? Pouvez-vous expliquer cet « électoralisme » et pourquoi ne pas alors participer aux élections ?
c) Vous aviez tenté une discussion avec un groupe d’exclus de LO « voix prolétarienne » ? Quel est votre position sur le trotskisme ?
d) Vous aviez consacré deux numéro de votre revue théorique à la révolution chinoise ? Pouvez-vous nous indiquer quelle est votre interprétation de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne ?
e) Vous semblez privilégier le combat syndical avec l’animation du blog « où va la CGT » ? Pensez-vous que la CGT peut encore revêt un caractère de la classe malgré le révisionnisme ambiant ? Que pensez-vous alors de l’affaire Engelmann (un cgtiste depuis exclu membre du FN ?)
f) Dans une brochure ancienne concernant votre lutte au sein d’Alsthom vous semblez défendre le nucléaire. Quel est votre position sur cette question aujourd’hui ?
g) Quels sont vos liens internationaux ?
3./ PCMLM
a) Vous pensez le mlm comme la pensée scientifique de l’univers au travers de votre dernier site ? Pouvez-vous développer votre point de vue ? N’est-ce pas une forme de millénarisme caché ?
b) Vous encouragez vos lecteurs à des questions nouvelles liées à la souffrance animale et au mode de vie vegan ? Pouvez-vous développez votre approche de ces questions ?
c) On vous reproche souvent une présence sur la toile sans équivalent dans la « vie réelle ». N’est pas envisageable à l’avenir de voir le PCMLM soutenir un processus révolutionnaire « dans la rue » ou du moins apparaître au sein de cortèges et de manifestations et-ou au sein de blacks-blocks ?
d) Vous vous dites « parti communiste marxiste-léniniste-maoïste » de France ? Qu’est-ce qui vous permet de justifier de cette notion de « parti » ?  
e) Vous avez longtemps eu pour mot d’ordre « l’autonomie prolétarienne ». Pouvez-vous développer ce concept. Vous considérez vous comme dans la mouvance autonome ?
f) Quels sont vos liens internationaux ?